La foudre sur Charade - 3 juin 1963

 

La veille du Grand Prix de France Moto se disputant sur le circuit de Charade avait été marquée par deux événements d’importance. La victoire en catégorie 50 cm3 nationale d’André Fargeix du Moto Club d’Auverge, et l’accident mortel du pilote Marcelin Herranz. Ce samedi, il faisait un temps magnifique. Trop puisque la chaleur devint vite étouffante le dimanche.

 

L’orage d’été qui éclata en fin de matinée se transforma en véritable déluge accompagné par de violents éclairs. La foudre tomba même sur le public. En quelques heures, le circuit de Charade prit un visage étonnant en s’enveloppant d’un épais brouillard. Je me souviens très bien de cette atmosphère ouatée noyant tout le circuit devenu mystérieusement silencieux.

 

A cette époque, le public venait surtout pour la course des side-cars, car c’était, de loin, l’épreuve la plus spectaculaire. L’arrivée récente des « bassets » où le pilote était couché sur le châssis de la moto avait modifié les règles de pilotage et surtout augmenté terriblement leur vitesse de passage en courbe. C’était spectaculaire à voir avec le « singe » complètement déporté en frôlant la piste afin modifier le centre de gravité de l’équipage. Cette discipline était aussi terriblement dangereuse car les qualités dynamiques d’un side-car à 3 roues étaient médiocres et cela se percevait au freinage où les attelages zigzaguaient dangereusement et autant à l’accélération en louvoyant et en virages où ils décrochaient brusquement en limite d’adhérence.

 

 

Le problème était que tous les side-cars avaient pratiquement le même moteur. Un 500 cm3 flat-twin BMW « Rennsport » dérivé de la moto de série mais avec des culasses à arbre à cames en tête délivrant autour de 60 ch. Ce qui obligeait les concurrents à égalité sur le plan des performances pures à aller chercher les ultimes secondes dans un pilotage de plus en plus hardi. Les grands pilotes de side de cette époque étaient Max Deubel triple champion du monde de la discipline en 1963, Fritz Schedeigger, Helmuth Fath qui construira son propre moteur et Florian Camathias. Sous un physique sage de prof de math à petites lunettes, le Suisse était réputé pour être un casse-cou. Il avait un style de pilotage très spectaculaire que le public adorait. Jouant régulièrement de malchance, fréquemment accidenté, il avait perdu, de peu, trois fois le titre de champion du monde. Tout le monde rêvait de le voir enfin gagner.

 

 

« Qui veut monter au coté de mon mari ? »

 

Le brouillard ne se dissipant pas, les side-cars alignés sur la grille de départ ne pouvaient pas partir, ce sous l’impatience grandissante des spectateurs. Après débats entre les pilotes dont certains voulaient courir et d’autres pas, le public commença à s’impatienter puis à siffler. Après un tour de reconnaissance au ralenti, les pilotes revinrent sur la grille de départ et décidèrent de ne pas courir.

 

 

Il se passa alors quelque chose d’extraordinaire qui restera à jamais gravé dans ma mémoire. Madame Camathias, l’épouse du pilote le plus casse-cou du Continental-Circus prit le micro et s’adressa au public des tribunes. Elle demanda si un spectateur désirait monter au coté de son époux pour effectuer un tour de reconnaissance. Évidemment, personne ne répondit. Les sifflets se muèrent en un immense et respectueux silence et la course n’eut pas lieu.

 

Florian Camathias se tua 2 ans plus tard en octobre 1965 à Brands Hatch.

 

Patrice Vergès




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